
Dior met le wax à l’honneur
Le 29 avril dernier, Dior s’est installé dans le somptueux palais El Badi à Marrakesh à l’occasion du défilé croisière 2020 de Maria Grazia Chiuri. Tous les éléments étaient réunis pour faire de cette collection hors du temps un événement exceptionnel : un décor de rêve, un front row trié sur le volet composé des célébrités les plus en vogue, une scénographie à couper le souffle… Mais la vraie star de l’événement était… le wax !
Ce n’est pas la première fois que le pagne est la star des défilés : Dries Van Noten ou encore Stella McCartney s’étaient déjà prêtés au jeu de la réinterprétation du wax, exercice qui, pour beaucoup, reste assez périlleux. Ici, Dior va un cran plus loin et affirme tenter de nouer des échanges créatifs avec les cultures africaines. Tissu de la rencontre des cultures, le wax est le fil d’Ariane de ce défilé. Pour le mettre en lumière, Maria Grazia Chiuri a collaboré avec l’usine Uniwax en Côte d’Ivoire, dont le studio a réinterprété les codes Dior, telles les toiles de Jouy revisitées ou les cartes de tarot. Cette édition spéciale baptisée « Christian Dior – Uniwax » habille des robes bustiers longues et courtes, des jupes, des combinaisons, des vestes et des pantalons, comme autant d’étendards de la liberté.
Le tailleur Bar
Incontournable de la silhouette New Look signature de l’essence Dior, le tailleur Bar est réinterprété pour la croisière 2020 aux côtés de la créatrice Grace Wales Bonner ou encore de l’artiste afro-américaine Mickalene Thomas. Le tailleur Bar, comme l’ensemble des pièces, exalte la puissance de la mode, langage inclusif et transnational.

Le tailleur Bar – © Alastair Nicol
Pièce phare de la collection, la chemise “Nelson Mandela” imaginée par Pathé Ouédraogo représente haut et fort une mode entièrement et fièrement “made in Africa” et est un véritable symbole du continent dans toute sa diversité culturelle.

La chemise Nelson Mandela – © Stephane Cardinale/Getty Images
Le wax célèbre et fédère la diversité ; il est le tissu de la rencontre des cultures. L’histoire incroyable de ce tissu se déploie tel un arbre généalogique, un voyage entre l’Europe et l’Asie se prolongeant en Afrique.
Découvrez la collection dans son entièreté ici.
SOURCES :
5 choses à retenir du défilé Dior Croisière 2020 : http://bit.ly/2mzZiia
7 choses à retenir du défilé Dior croisière 2020 à Marrakech : http://bit.ly/2myBYBr
Le mot pagne vient de l’espagnol Paño (pagno) qui veut dire « morceau d’étoffe » ou pan d’étoffe. Il s’utilise surtout en Afrique Subsaharienne et chez les Indiens qui se couvrent de différentes manières par exemple de la ceinture aux genoux ou du torses aux chevilles. Longtemps cantonné aux vestiaires des mamas africaines, le pagne connaît depuis quelques années une nouvelle popularité. On ne le sort plus seulement pour les grandes occasions, mais on l’assume et on l’incorpore à la mode “de tous les jours” : vêtements, accessoires, chaussures, décoration… en total look ou en petites touches, le pagne s’assume au point que tout le monde ose se l’approprier sans complexe. Associé à la culture africaine, le pagne s’exporte désormais hors du continent pour débarquer sur les podiums des défilés des fashions weeks européennes et américaines. En quelques années, l’Europe et l’Afrique ont réussi à fusionner les genres grâce à ce tissus coloré et chargé de symbolique. Et d’ailleurs, quand on connaît l’histoire notamment du pagne wax, il semblait logique que ce mariage modesque ait enfin lieu. De très nombreuses sortes de pagne coexistent en Afrique, fabriqués avec les matériaux de la forêt ; en écorce battue ornée de motifs M’buti par les Pygmées au Zaïre, aux tissus les plus riches et complexes inspirés des techniques indonésiennes, en passant par les pagnes colorés des Masaï et les pagnes courts et affriolants réservés à l’intimité dans l’Ouest et centre-ouest du continent. Dans les pays du Golfe de Guinée, le pagne traditionnel était une pièce de tissu d’environ 1 m de large et 8,5 m de long. Cette forme se retrouve également dans le sari/dhoti indien, la toge romaine et la forme ancienne du kilt écossais. En Afrique subsaharienne (Afrique noire), le pagne et ses couleurs chatoyantes font partie du quotidien. La variété des motifs et l’éclat des couleurs, les techniques d’impression et de teinture en ont fait un art textile riche de significations et se manifestant bien avant l’arrivée des étrangers. Selon les époques, les cultures et les étapes de la vie, le pagne est mixte porté par les hommes, les femmes et les enfants. Le pagne Kenté ou Kita Le tissu, appelé kenté chez les Ashanti du Ghana et kita chez les Ewe du Togo et du Bénin ou chez les Akans de la Côte d’Ivoire, est un genre de tissage très répandu en Afrique de l’Ouest initié par le peuple Akan présent en Côte d’Ivoire et au Ghana porté à l’origine par les notables Akan lors de grandes occasions. Confectionné à partir de bandes tissées et assemblées, avec des fils de coton et de soie, formant une étoffe épaisse aux dessins géométriques et aux couleurs éclatantes et lumineuses, le kita est particulier car ses motifs sont tissés dans la trame. Le pagne bogolan Sénoufo Les pagnes sénoufos sont décorés de nombreux animaux mythologiques ou totem comme le crocodile, le serpent, la tortue, le caméléon selon des motifs géométriques. Selon Anquetil, ces dessins d’animaux sacrés « avaient le pouvoir de protéger et de procurer une bonne chasse aux chasseurs qui portaient cette tunique » Le pagne Baoulé Les artisans baoulés, héritiers du royaume ashanti, avaient depuis des siècles la réputation d’artisans habiles et ingénieux dans l’art de confectionner des pagnes qu’on mixait aux teintures de l’indigo et à la noix de cola pour en faire ressortir un éclat brun roux. Ces étoffes, drapées sur une épaule, sont tissées avec des fils de chaîne teints à l’indigo. Chaque motif a un nom particulier et des symboles baoulés possédant une signification intrinsèque. Ces pagnes sont utilisés encore pour l’habillement, la parure, le costume de travail et de cérémonie. On ne peut nier que le ras-de-marée fashion que représente le pagne aujourd’hui peut soulever pas mal de questions quant à la longévité de cette tendance qui, plus qu’un effet de mode, est un véritable mouvement. Le pagne est plus qu’un vêtement. Il est un symbole, voire un véritable moyen de communication. Son message prend sa source dans les crises, les mutations sociales, les souffrances, les joies, etc. Il reflète toute la vie affective et sociale dans une information toujours actuelle. Certains motifs sont créés à l’occasion d’un événement, et caractérisent une ethnie, une région, une époque… Si pour la plupart des Africains, ce tissus fait sans conteste partie de la culture, son exportation massive tout droit vers les rayons des enseignes occidentales plus “mainstream” (H&M, La Redoute, Stella McCartney, Zara, Dior…) amène à se poser des questions : Est-ce une sorte d’appropriation culturelle ? Est-ce une véritable volonté d’ouverture à cette représentation de l’identité africaine ? Ou n’est-ce qu’une nouvelle tendance de la mode, qui comme tant d’autres, disparaîtra ?
Pagn’Unik, c’est quoi ?
Pourquoi le pagne ?
Un art textile riche en significations
Les différents types de pagnes
Le pagne, simple effet de mode ?